Comment les oligo-éléments organiques influencent l'efficacité de la reproduction

Fournir une nutrition adéquate au troupeau à tous les stades de la gestation est vital, non seulement pour la vache mais aussi pour le veau en développement. 

La construction d'une base solide dans un troupeau de vaches ou dans un programme de développement de génisses ou de pur-sang commence par la génétique - mais cette base peut également être affectée par la gestion et la nutrition. Les échecs de reproduction sont souvent liés à une alimentation sous-optimale, qui peut avoir un impact non seulement sur l'animal lui-même, mais aussi sur le bien-être de sa progéniture. Ce phénomène, connu sous le nom de programmation maternelle ou fœtale, illustre comment l'état nutritionnel et sanitaire de la mère pendant la gestation peut ensuite avoir un impact sur la santé et la productivité de son veau. 

Programmation fœtale 

La nutrition maternelle peut avoir un impact sur le fœtus et potentiellement modifier son développement, non seulement in utero mais aussi plus tard dans la vie du veau. Une mauvaise alimentation pendant la gestation peut entraîner un faible poids du veau à la naissance, une augmentation de la mortalité avant le sevrage, des taux de croissance médiocres et même un retard au niveau de la conception. 

En matière de nutrition de la mère, l'accent est traditionnellement mis sur le dernier trimestre de la gestation, car c'est à ce moment-là que le fœtus grandit le plus rapidement, sollicitant les réserves énergétiques et minérales de la vache. Par conséquent, de nombreuses stratégies nutritionnelles se concentrent spécifiquement sur les 90 ou 60 jours précédant le vêlage. Mais qu'en est-il de l'impact de la nutrition de la mère au début et au milieu de la gestation? 

Une publication récente traite de l'importance d'une bonne alimentation du bétail pendant toutes les phases de la gestation et de l'impact que la nutrition peut avoir au-delà des taux de conception. Dans une autre étude, au cours de laquelle les vaches en début de gestation ont été nourries à 100 % ou à 55 % de leurs besoins en nutriments, aucune différence n'a été observée dans le poids corporel et les gains des veaux mais le poids des poumons et de la trachée des veaux nés de mères soumises à des restrictions nutritionnelles était plus faible, et ce poids plus faible pourrait avoir une incidence sur la façon dont ces veaux réagissent aux challenges respiratoires à venir. 

Il a également été démontré que les restrictions nutritionnelles en milieu de gestation ont un impact sur la taille et la masse des ovaires et des tissus lutéaux, ce qui peut avoir une incidence directe sur l'efficacité de la reproduction de la génisse plus tard dans sa vie. Il a également été démontré que l'état nutritionnel de la vache en fin de gestation (par exemple, six à neuf mois après le début de la gestation) a un impact sur la formation des fibres musculaires du veau, ce qui peut avoir une incidence sur son poids à la naissance, son poids au sevrage et même le poids de sa carcasse. 

Les performances reproductives des bovins reproducteurs dépendent fortement de leur état nutritionnel. Les oligo-éléments participent à la synthèse des hormones de reproduction, à la réduction des radicaux libres et à l'amélioration du micro-environnement utérin pour l'implantation embryonnaire ainsi que pour la croissance et le développement du fœtus. Étant donné qu’essentiellement les organes reproducteurs se développent au début de la gestation, il est évident que l'état nutritionnel et l'état des réserves des oligo-éléments de la mère peuvent avoir un impact sur le développement du fœtus et sur les performances futures de l'animal. 

Supplémentation en oligo-éléments 

La concentration en oligo-éléments des fourrages peut varier. Il est donc nécessaire d'apporter des suppléments de cuivre, de zinc, de manganèse et de sélénium pour optimiser l'état des oligo-éléments du troupeau bovin car la satisfaction des besoins en oligo-éléments est fondamentale pour obtenir une immunité, une santé, une efficacité reproductive et une croissance optimale. 

Sachant cela, des oligo-éléments supplémentaires doivent être fournis pour combler l'écart entre la quantité disponible dans les fourrages et les besoins nutritionnels des vaches. Cependant, la forme sous laquelle ces oligo-éléments sont fournis - inorganiques ou organiques - peut avoir un impact sur la façon dont le troupeau répondra aux oligo-éléments. 

Oligo-éléments inorganiques ou organiques 

Les oligo-éléments inorganiques - y compris les sulfates, les oxydes, les chlorures et les hydroxydes - sont généralement des sous-produits peu coûteux venant de processus industriels et sont souvent donnés en excès pour éviter les carences. Cependant, en raison de la biodisponibilité relative plus faible des oligo-éléments inorganiques, les animaux ne bénéficient pas nécessairement d'une supplémentation excessive. En outre, ces niveaux élevés d'oligo-éléments inorganiques sont souvent associés à des antagonismes entre minéraux, à un degré plus élevé de dégradation des vitamines et à des niveaux plus élevés d'excrétion dans l'environnement. 

Les oligo-éléments organiques sont plus proches de la forme sous laquelle les oligo-éléments se trouvent dans la nature. Par conséquent, les oligo-éléments organiques offrent une meilleure absorption et une meilleure utilisation, ce qui se traduit par une biodisponibilité plus élevée et moins d'interactions alimentaires - ce qui signifie que les minéraux offerts sous une forme organique peuvent généralement être ajoutés à des niveaux plus faibles. 

Avantages des oligo-éléments organiques 

Les avantages d'une supplémentation en oligo-éléments organiques sont bien documentés comprenant une meilleure activité ovarienne, des taux de conception plus élevés et une reproduction plus rapide du bétail. 

Ces avantages ne sont pas surprenants, étant donné l'impact que la source d'oligo-éléments peut avoir non seulement sur le statut en oligo-éléments des bovins reproducteurs mais aussi sur les expressions génétiques liées à leurs performances reproductives. Ces effets ont été illustrés dans une étude nutrigénomique comparant les oligo-éléments organiques aux sources inorganiques. 

• Dans cette étude, les chercheurs ont évalué l'effet du remplacement des oligo-éléments inorganiques par des oligo-éléments organiques sur les niveaux d'expression des gènes chez les génisses de remplacement. 
• Les résultats indiquent que la source d'oligo-éléments a eu un impact sur 580 différents gènes exprimés liés à la performance reproductive, qui jouent tous un rôle essentiel en début de grossesse, ce qui indique que la supplémentation en oligo-éléments organiques peut potentiellement bénéficier à la performance reproductive grâce à une meilleure régulation du cycle œstral, à des intervalles de vêlage plus courts et à des taux d'implantation améliorés. 

L'impact des oligo-éléments organiques perdure 

Comment les oligo-éléments organiques affectent-ils les paramètres de fertilité sur les générations successives ? 

Une récente étude sur la viande bovine a évalué la réponse des vaches Angus et Brangus et de leurs veaux à des sources d'oligo-éléments inorganiques ou organiques. 

• Pour les vaches supplémentées en oligo-éléments organiques 90 jours avant le vêlage et pendant toute la période de développement des génisses (première année), les génisses ont atteint la puberté neuf jours plus tôt et ont été confirmées gestantes huit jours plus tôt que les génisses des vaches supplémentées en minéraux inorganiques. 
• Les résultats de la deuxième année, où les vaches ont été supplémentées pendant toute l'année et où les veaux ont donc été exposés à une supplémentation en oligo-éléments organiques depuis la conception jusqu'à la période de développement des génisses (deuxième année), les génisses issues de vaches supplémentées en oligo-éléments organiques ont atteint la puberté 41 jours plus tôt et ont été confirmées gestantes 18 jours plus tôt que les génisses issues de vaches supplémentées en oligo-éléments inorganiques. 

Il est clair que la source d'oligo-éléments peut avoir un impact direct sur les paramètres de fertilité dans les générations successives, ce qui est également connu sous le nom d'effet de programmation fœtale. En outre, une supplémentation tout au long de l'année par le biais d'un programme d'oligo-éléments de haute qualité peut avoir un impact sur l'efficacité reproductive de l'animal et de sa progéniture (femelle), tel que mesuré par l'âge à la puberté, l'âge au vêlage et la performance à vie. 

L'optimisation de l'état des oligo-éléments et de l'efficacité de la reproduction est particulièrement importante dans les troupeaux de pure race et les exploitations qui se concentrent sur les embryons. En étudiant la dynamique folliculaire et la qualité des embryons des vaches de boucherie, les chercheurs ont rapporté qu'une supplémentation en oligo-éléments organiques entraîne non seulement une augmentation du diamètre des follicules ovulatoires mais aussi une amélioration de la maturation in vitro et de la segmentation de l'embryon. Il s'agit là d'un résultat important, car la segmentation précoce de l'embryon est un indicateur biologique fort du potentiel de l'embryon et est souvent utilisé comme mesure de la qualité de l'embryon. 

Implications 

1. Les oligo-éléments organiques peuvent potentiellement améliorer les performances de reproduction, notamment par une meilleure régulation du cycle œstral, des intervalles de vêlage plus courts et des taux d'implantation améliorés ainsi que l'efficacité de la reproduction dans les générations successives. 
2. Ainsi, lors du développement de son propre cheptel reproducteur ou de l'acquisition de femelles de remplacement, l'accent ne doit pas être mis uniquement sur la génétique ; la prédisposition nutritionnelle doit également être prise en considération. 
3. Étant donné le retour sur investissement potentiel associé aux oligo-éléments organiques en terme de santé, d'efficacité reproductive et de gains du bétail, une supplémentation tout au long de l'année n'est pas seulement économiquement faisable mais peut également avoir un impact direct sur les performances et la rentabilité futures du troupeau. 

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